Georges arrive en expliquant qu’il se connait bien grâce à l’Astrologie occidentale, chinoise et à la numérologie. Il a déjà consulté pour du divinatoire, jamais pour du tarot psychologique. Je lui explique donc que je ne ferais aucune prédiction et les principes du tarot psychologique.
Je demande à Georges ce qui l’amène à consulter, il dit « Actuellement, je me cherche un peu mais je n’ai pas de question particulière. »
Je questionne alors Georges sur sa vie pour avoir quelques informations sur son histoire et ses comportements.
« Comment était votre père ? ». Son père était « dur » et « ne la jamais pris sur ses genoux ». Actuellement, son père est victime d’un cancer et Georges l’a pris en charge depuis plusieurs mois. Le pronostic n’est pas bon, la maladie évolue. Le débit et les inflexions de voix n’ont pas changé, aucune tristesse apparente.
« Comment était votre mère ? ». Elle est morte quelques années auparavant. Il s’est occupé d’elle durant les trois années qui ont précédées son décès.
« Avez vous des enfants ? ». Il a trois fils « tous les trois bien, avec un bon métier », il s’est « occupé d’eux jusqu’à ce qu’ils soient installés ».
« Avez vous une compagne ? » Georges n’a personne dans sa vie depuis trois ans. Il dit « Je suis trop entier, difficile à vivre ».
« Quelle activités avez-vous exercé ? ». Georges est parti à dix-huit ans, s’est acheté une roulotte installée sur un coin de terrain, a exercé le métier de cordonnier durant dix ans. Il a changé de vie quand il a eu un premier fils « pour s’occuper de lui ». Il a obtenu un diplôme d’éducateur pour lequel il a « écrit une thèse qui a été lu par un jury » puis a travaillé dix ans avec des enfants.
Il a appris l’astrologie avec une compagne par transmission orale — « Je ne lit pas et n’écrit pas, j’ai l’impression de perdre mon temps. J’ai une très bonne mémoire, je ne travaillais pas à l’école, il me suffisait d’entendre une ou deux fois pour retenir. Quand mon père s’en est aperçu, il m’a obligé à lire des livres et à les recopier durant un mois ».
« Qu’est ce qui vous intéresse aujourd’hui ? ». « L’écologie ». Il dit s’emporter très facilement sur le sujet quand il se trouve face à des comportements en contradiction avec ses convictions. Il va jusqu’à rompre les relations et a perdu des amis pour cette raison.
Je lui propose la question « De quoi Georges ne peut pas parler, ni même y penser et qui influence inconsciemment ses choix et ses comportements ? ». Il accepte la question
Nous effectuons un tirage de trois lames, face cachée. La première lame est retournée, comme une page de livre, découvrant Le Mat à l’endroit.
(1)- Le Mat | (2) – ? | (3) – ? |
— « Le Mat porte un bonnet qui lui couvre les oreilles. Il indique que vous êtes resté sourd à vous même jusqu’à maintenant, n’écoutant ni votre cœur, ni vos émotions. Vous vous êtes dévoué à vos enfants, à votre mère, aujourd’hui à votre père. Aujourd’hui vous vous dévouez tout entier à l’écologie. »
Georges — « Oui, je pense toujours aux autres. »
— « Cela pourrait il être une façon de ne pas penser à soi ? Y a t’il eu, dans votre vie, une place pour Georges et ses ressentis, ses sentiments profonds ? »
Georges — « Je ne comprends pas ce que vous demandez, quels sentiments ? »
— « Quand vous êtes triste, pleurez vous ? Avez vous le cœur qui bat parce que vous vous sentez heureux ? Quand vous êtes en colère, savez vous pourquoi vous ressentez de l’injustice ? »
Georges — « Je me met en colère quand les autres ne respectent pas la nature, la terre. Ils sont inconscients. »
— « Mais vous pourriez essayer de les convaincre par une parole mesurée. Pensez vous que la colère et les paroles agressives puissent avoir un effet positif ? Ces « montées dans les tours » apparaissent comme une pulsion qui apparait quand vous ressentez que ‘votre vérité’, j’allais dire ‘votre dogme’, ne sont pas ceux des autres. Pourriez vous réfléchir au fait que vous semblez ne pas supporter la contradiction ? Pourquoi ? »
Georges — Silencieux et pensif, pour la première fois.
La deuxième lame est retournée, comme une page de livre, découvrant Le Jugement à l’endroit.
(1)- Le Mat | (2) – Le Jugement | (3) – ? |
— « Le Jugement indique un appel que vous devez entendre. L’ange avec sa trompette annonce une demande. Le personnage central émerge du tombeau, il est bleu, couleur des ressentis, des sentiments. La lame sonne comme un appel qui vous est adressée à faire émerger vos ressentis, à vous reconnectez avec vous-même. »
Georges — « C’est la rencontre avec vous qui est l’appel. Je passe par hasard ici et je vois votre panneau. Je ne sais pas pourquoi j’ai eu envie de venir »
— « Oui, on peut aussi le voir de cette façon mais cet appel est pour vous, la question et la réponse du tarot sont vôtres, je ne suis que l’interprète. C’est à vous que Le Jugement dit que quelque chose en vous doit maintenant venir à la lumière, être révélé, devenir conscient. Continuons le tirage, une réponse nous sera probablement donnée par le tarot. »
La troisième lame est retournée, comme une page de livre, découvrant Le Soleil à l’envers.
(1)- Le Mat | (2) – Le Jugement | (3) – |
— « La lame du Soleil symbolise la fraternité, la construction en commun, le couple. Elle est ici à l’envers. Elle semble donc indiquer une forme de refus de ces valeurs. Vous m’avez dit que vous viviez seul depuis trois ans en vous dévouant à votre père. Le Soleil inversé reflète également que vous ne pouvez écarter de votre esprit le possible deuil prochain, le couple peut se séparer. Je n’ai pas ressenti de tristesse lorsque vous avez parlé de votre père que vous avez pris en charge. Vous en avez parlé comme d’un fait divers alors que vous le savez condamné. Eprouvez vous de la tristesse ?
Georges — « Je ne sais pas. Oui, je serais triste quand il disparaitra »
— « Pleurerez vous ? »
Georges — « Non »
— « Vous serez en colère, hyper-sensible à la moindre contradiction, montant dans les tours au moindre mot de travers »
Georges — Un long silence et « Oui, c’est possible »
— « Le Soleil indique également que vous pressentez que vous vous isolez de plus en plus. Pensez vous que vous allez finir seul ? »
Georges — « Oui, je perds mes amis a cause de mon caractère »
Une quatrième lame est tirée et posée à l’endroit au dessus du Soleil, l’Hermite.
s(4) – L’Hermite | ||
(1)- Le Mat | (2) – Le Jugement | (3) – |
— « L’Hermite, au dessus du Soleil indique une piste qui peut être suivie pour influer sur votre futur. L’Hermite est connecté à la nature, c’est le jardinier, l’écologiste du tarot. Il est également le symbole de l’introspection, de la thérapie. Son ample pélerine bleue symbolise les ‘bleues de l’âme’, nos blessures. Il tiens une lanterne pour éclairer le chemin pour soi et pour les autres. Il est un guide et un sage. Il regarde vers la gauche, nous allons suivre son regard »
Une cinquième carte est tirée, face cachée et posée à gauche de l’Hermite. Elle est retournée, comme la page d’un livre, découvrant l’Impératrice à l’endroit.
r(5) – L’Impératrice | s(4) – L’Hermite | |
(1)- Le Mat | (2) – Le Jugement | (3) – |
— « L’Impératrice est le symbole de l’intelligence, de la spontanéité, de l’expression. Il ne faut pas confondre l’expression et la communication, ici on parle de l’expression de soi — Je dit ce que je pense et je pense ce que je dit — Elle regarde l’Hermite et renforce donc la piste du besoin d’introspection dans la direction de l’expression des ressentis. L’impératrice se trouve également placée au dessus du Jugement comme venant confirmer la nécessité de faire émerger vos ressentis, de vous reconnectez à vous-même. »
Georges — « Je ne vois pas ce que je peux faire. »
Je lui propose quelques pistes d’évolution possibles
- Participer à des activités de groupe, pour apprendre à collaborer et à partager le leadership
- Pratiquer la pleine conscience pour développer la présence à soi et à l’instant présent
- Pratiquer le lâcher-prise pour apprendre à accepter ce qui ne peut être contrôlé.
- Tenir un journal de réflexion pour identifier les déclencheurs d’impulsivité et y répondre consciemment en écrivant.
La dernière proposition provoque un rejet immédiat « je n’écris pas ! ».
— « Il est clair que la dernière proposition est la meilleure. Elle vous amène à réfléchir sur votre blocage face à l’écriture. Blocage que vous avez déjà pu dépasser quand vous avez écrit votre thèse »
Georges — « Je l’ai écrite pour le jury »
— « Non, vous l’avez écrite pour vous, pour obtenir un diplôme. Vous vouliez ce diplôme et vous êtes passé au dessus de votre interdit d’écrire. Le fait de poser des mots sur les choses est extrêmement puissant, en particulier quand on les met sur le papier »
Georges — « Mais quand j’écris, si je relis, je ne trouve pas ça bien »
— « Ce n’est pas parce que vous écrivez que l’interdit n’existe plus, il reste actif. Mais chaque fois que vous le dépasser, cela devient plus facile que la fois précédente. De plus, l’important est de poser des mots, pas de faire une œuvre de style ni même de rédiger des phrases. Au début, poser un seul mot peut être suffisant. »
Georges — « Je dois donc tenir un cahier ? »
— « Un carnet dans la poche peut être suffisant. L’important est de réfléchir au déclencheur d’impulsivité. Qu’est ce qui a déclenché la pulsion, la montée dans les tours ? Pourquoi l’agressivité est elle apparue ? De plus la tenue d’un journal permet de revenir sur les mots et l’interdit de lecture. »
— « Qu’avez vous retenu de cette séance ? »
Georges — « Que je dois tenir un journal dans lequel j’écris mes réflexions sur ce qui déclenche mon agressivité vis à vis des autres. »
— « Oui, je pense que cela vous aidera. Accrochez vous à cette pratique, posez des mots sur le papier est un puissant moyen de faire sortir les émotions. Merci d’être venu consulter et prenez soin de vous. »